Histoire du village

Salmiech

L’étymologie du nom de Salmiech est interprétée de deux façons. Le nom du village viendrait du latin Sal ou Sar (étroite colline) et de l’occitan miech (milieu). Salmiech serait donc une butte allongée sur d’étroites collines plus hautes.

On dit aussi que Salmiech tire son nom du Languedocien Sal (le sel) et miech (le milieu, le centre). Salmiech comme le « centre du Sel » qu’il était au Moyen Age, lorsque les muletiers remontaient l’or blanc, seul moyen de conservation alors, de la Méditérannée jusqu’aux hautes terres du Rouergue.

Salmiech, son château et ses barons

Sous l’occupation romaine, à l’emplacement du château féodal, aujourd’hui disparu, devait se trouver un poste de vigile comme en témoignent les matériaux utilisés dans la construction du soubassement de l’église actuelle. Les invasions barbares contraignirent ensuite les salmiechois à élever des remparts et aménager des souterrains. C’est vraisemblablement vers 775, sous Charlemagne que fut édifié le premier château féodal de Salmiech. Transmis au monastère de Vabre en 865 par la comtesse Berthe de Toulouse, le château, le bourg, l’église Saint Amans deviennent la propriété du comte de Millau, par un acte d’échange en 937. La chatellerie de Salmiech est « baillée » à Richard, comte de Rodez en 1112. Un siècle plus tard, Raymond, baron de Landorre, qui en est propriétaire en 1206, l’érige en baronnie. Elle passera aux d’Estaing en 1497. Salmiech était le siège d’une chatellenie et son château possédait une garnison avec à sa tête un capitaine, nous ne connaissons malheureusement que le nom d’un seul d’entre eux: Mathieu de Turre, capitaine du château en 1515. En 1656, le château de Salmiech et la baronnie de Landorre furent achetés par Jean VI de Thubières, comte de Caylus, au Comte de Dallet, successeur de la maison d’Estaing, au prix de 81 000 livres, en 1655.

Si les Salmiéchois dont la vie fut étroitement subordonnée à celle des Seigneurs, furent souvent les témoins de grandes réceptions, de nombreuses fêtes de cour, ils furent parfois les victimes innocentes de la cruauté des certains barons. En effet, sous leurs yeux, Jean VI de Thubières fit du château une prison et dressa des fourches patibulaires, gibet, au Puech des Fourques.

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 « La croix des Pendus », au Puech des Fourques.

 Bien que réparé vers 1718, le château n’est bientôt plus habitable. Le marquis de Lignerac, héritier des comtes de Caylus le revendit en 1771 au sieur Antoine de Gaston de Polhé moyennant 107 801 livres. Après la révolution, le sieur Fabre devint acquéreur du château de Salmiech. Il fut démoli dans les premières années du XIXème siècle pour la vente des matériaux. Vers 1920, il ne restait plus que quelques pans de murs extérieurs de grande épaisseur et très solides ainsi que les ruines d’une commanderie.

  

Description du château

 photo-vue-village4Informations tirées de « Dictionnaire des châteaux de l’Aveyron », Tome II, page 521, par Raymond NOIL.

Un acte mentionne l’existence de Salmiech en 937.

Le château, édifice irrégulier, figurant une sorte d’octogone, était jeté sur un énorme rocher qui domine Salmiech et qu’environne dans les 3/4 de sa circonférence la petite rivière du Céor. Une enceinte de murailles avancées le protégeait coté bourg. Vers le milieu de cette enceinte s’ouvrait la porte extérieure protégée par un édifice fortifié. Peu à peu, l’espace compris entre l’enceinte et le château fut occupé par des constructions que les seigneurs inféodèrent à divers habitants, et cette portion de Salmiech prit le nom de quartier du fort. Après avoir franchi la première enceinte, un sentier taillé dans le roc et tournant à droite conduisait jusqu’au dessous de la porte d’entrée, située à l’opposite du village. on y montait par une vingtaine de marches étroites, également pratiquées dans l’épaisseur du rocher. Cette porte s’ouvrait sur u long et sombre vestibule qui conduisait à la tour centrale. A droite du vestibule se trouvaient les prisons, puis une forte tour qui flanquait l’édifice au Sud Ouest et s’élevait dit-on en bordure du rocher surplombant la vallée. Là, était la chapelle et, au dessous, les souterrains. Puis venaient la boulangerie et des magasins.
A gauche du vestibule se situaient les cuisines et leurs dépendances. Toutes ces pièces étaient voûtées. La salle à manger, la salle d’Armes, la salle d’honneur, les appartements du Seigneur composaient le premier étage. Ceux de la dame du château dominait du côté de Salmiech. Chaque angle saillant de l’édifice était garni d’une tourelle percée de meurtrières.

On voit que l’art et la nature avaient également concouru à rendre cette position formidable.

Du côté de Salmiech, le château était défendu par les remparts et les ouvrages d’art; sur le reste du pourtour, le rocher, coupé à pic, présentait une élévation effrayante et rendait toute surprise impossible.

 

Salmiech et la baronnie de Landorre

La seigneurie des Landorre s’étendait sur les pays de Salmiech, Arvieu et Trémouilles. La famille de Landorre (pour plus de renseignements,  cliquez sur les liens suivants: famille-landorre, biographie de brenguier-de-landorre) apparaît comme résidant à Salmiech dès le début du XIIIème siècle. Vassale des comtes de Rodez, elle serait originaire du château de Landorre, situé en aval du Pont de la Capelle-Viaur.

Au XIIIe siècle, elle comprend les paroisses de salmiech, Arvieu, Caplongue, Saint-Sauveur, Saint-Hilaire, Trémouilles, Aures et une partie de Comps-la-Grandville.

Sa frontière part du confluent du Vioulou et Viaur, suit le Viaur jusqu’au Nord de Bonnecombe, traverse la paroisse de Comps, rejoint le Viaur à Saint Sauveur de Grandfuel, descend droit au Sud jusque près de Cassagnes Bégonhès, suit le ruisseau de Lunargues, remonte le Vioulou jusqu’au point de départ.

 

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Dans ce territoire, les Landorre disposent de la Justice, mais de petites enclaves échappent à leur juridiction.

La famille de Faramond apparaît à Salmiech et à Cassagnes-Bégonhès dès 1184 mais il semble probable qu’elle fut originaire du baillage de Najac et du mas de Faramond situé près de Lunac (aujourd’hui Pharmon, au Nord de Lunac). Au temps de l’évêque de Rodez Pierre Béranger (1051-1070), un Déodat Faramond fait une donation au prieuré de Lunac, pour l’âme de son frère Raymond…

Au XIIIe siècle, les Faramond possèdent des droits de justice dans la barronnie de Salmiech, mais moins nombreux que ceux des Landorre…
Citée depuis la seconde moitié du XI e siècle, cette « race » toujours existante, est certainement une des plus vieilles et « vraies » noblesses de France, celles que l’on appelle « d’épée ».
(Extrait de la revue du Rouergue 1976, pp. 218-219)

 

SAINT AMANS SALMIECH

 

 

Histoire de l’église de Saint Amans Salmiech

Elle est propriété de l’ Abbaye de Vabre, de 862 à 937, avant de dépendre en 1061 de Saint Victor de Marseille. Le 4 avril 1363, elle est consacrée. En 1384, Arnaud de Landorre fonde la chapelle du Saint Sépulcre à Saint Amans. Et en 1462, le prieuré de Saint Amans passe à la Chartreuse de Rodez.

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A l’intérieur de l‘église, on trouve un bénitier de pierre du Xème, de nombreux tableaux anciens, dont un représentant la nativité, du XIIIème, (cf photos ci-dessus), une petite chapelle abritant une Vierge Noire en bois et un beau retable en bois sculpté avec statues. Également, une statue en noyer de saint Eutrope, le guérisseur.

La croix miraculeuse et sa légende…

 

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Le récit qui suit relève à la fois de la vérité historique, du langage symbolique et d’une tradition orale qui emprunte à l’imaginaire.

 

François d’Estaing, évêque de Rodez dans la première moitié du XVIème siècle visita à plusieurs reprises le village, puisqu’il aimait emprunter les chemins de terre pour se promener et profiter de la table de Gailhard de Landorre.

Sur le chemin menant de Saint Amans à Carcenac, l’évêque se promenait lorsqu’un coup de vent d’  « olto » emporta son chapeau. C’est sur le lieu où il pu le retrouver que le prélat fit ériger une croix : en effet, il avait calmé la tempête en prononçant un mot plutôt vif qui demeura longtemps célèbre dans le pays.

Le forgeron du village se mit donc en devoir de construire une croix à la hâte, ce qui explique son aspect plutôt grossier qui se remarque immédiatement. Lorsqu’on essaya de reforger la croix, plus tard, pour la parfaire, certains virent même des traces de sang.

Une croix doublement miraculeuse : d’abord, parce qu’elle saignait ; ensuite, par son origine même, on se mit à lui attribuer un pouvoir pour calmer le vent lorsque celui-ci devenait trop fort et compromettait les récoltes. Jusqu’à la révolution, on pratiqua régulièrement des processions dans le but de faire cesser le vent. Ces processions partaient en général de l’église Saint Amans, pour gagner la croix miraculeuse avant de terminer au cœur du village, à l’église Saint Firmin.

En guise de remerciement, la population de Salmiech pensa à déplacer cette croix afin de lui donner une meilleure place, sur la croix du village. Quand on décida de le faire, par un temps calme, nuageux, sans un brin de vent, une tempête se leva inopinément, mettant à terre une partie des villageois et emportant, de nouveau, les chapeaux des dames sur les terres des alentours. On comprit alors que c’était un signe et que la croix voulait rester là. Preuve en est, lorsque les maçons recélèrent la croix, le vent s’arrêta immédiatement. La procession se dirigea alors vers Saint Amans, où on opéra la destruction du socle prévu pour accueillir la croix dans le vieux village : il ne servirait désormais plus à rien.

En 1912, la construction ancienne qui abritait la croix a été refaite à neuf. La présence de nombreux ex-voto démontrent que la croyance en un pouvoir miraculeux de cette croix est encore aujourd’hui fervente au sein du village et de ses alentours.